Le paysage hante mon travail artistique, mais je m’intéresse surtout au dépaysement. 

Ainsi, mes travaux se situent dans une zone trouble, un univers de fiction aux frontières indéfinies, quelque part entre l’exotisme et le sport, où la nature n’est pas morte mais molle. Cet univers cartoonesque fluide et coloré, aussi enthousiasmant qu’inquiétant, renforcé par l’usage de matériaux discount imitant la nature et un emploi très plastique de la peinture, peut évoquer la proximité d’une catastrophe, un monde parsemé de ruines hybrides aux formes incertaines, pollué d’inscriptions cryptiques et discrètement peuplé d’animaux et de plantes fatiguées.

Je cherche à questionner l’ambiguïté de notre rapport à l’environnement et notre inadéquation fondamentale. On décore nos intérieurs d’une plante verte ou d’un bouquet de fleur de la même façon qu’on épingle un poster érotique dans son vestiaire, par un acte étrange d’accaparement, de fétichisation et d’abstraction à la fois violent et émouvant.

De manière analogue, je tente de réconcilier nature et vie en appartement à travers des supports de dépaysement en kit, comparables à des micro réserves naturelles sous une forme domestiquée, au confort exagéré au point de devenir contraignant, parodique en fait. Un remède décevant à la « solastalgie » : l’angoisse liée aux changements environnementaux.

Dans ma série « Sports » ces environnements s’assimilent à des jeux ou des appareils aux règles mystérieuses ayant pour objet d’intégrer mes recherches formelles dans une réflexion écologique et politique plus large : les terrains de sport apparaissent comme la forme la plus extrême de paysage domestiquée. À la fois écosystèmes, parcs de loisirs et modèles réduits de société, ils posent la question de l’usage du monde et de son usage performatif et réglementé.

Ces « terrains » aux formes variées (parfois même immatériels) articulent des motifs puisés dans mon lexique formel : bois, eau, marquages, numérotations… indices d’une hypothétique règle du jeu, comme une narration en suspens qu’il s’agit d’interpréter à partir d’indices.